Pour la première fois en France, un distributeur automobile est directement mis en cause dans le cadre du scandale des airbags Takata. À La Réunion, un concessionnaire BMW est poursuivi par un client blessé lors d’un accident survenu en mai 2020. Cette affaire soulève des questions fondamentales sur la responsabilité des distributeurs face à un défaut de sécurité identifié depuis des années.
Ce qu’il faut retenir :
- Un concessionnaire BMW à La Réunion mis en examen
- L’affaire concerne un airbag Takata non remplacé à temps
- L’accident a entraîné une incapacité de travail de plus de trois mois
- Le plaignant accuse le distributeur de négligence
- Une première judiciaire en France impliquant un distributeur automobile
- Le juge invoque une « violation délibérée d’une obligation de sécurité »
- L’affaire relance le débat sur les responsabilités dans les rappels techniques
Quand le scandale Takata touche les distributeurs
Depuis les années 2000, le scandale des airbags Takata a touché plus de 30 millions de véhicules dans le monde. Le défaut de conception, notamment en environnement chaud et humide, peut provoquer une explosion de l’airbag avec projection de fragments métalliques, causant des blessures graves, voire mortelles.
En 2017, la société japonaise Takata a fait faillite, absorbée par un équipementier américain. Mais les conséquences de ses produits défectueux continuent de peser lourdement. En France, une vingtaine de marques sont concernées par des rappels massifs, parmi lesquelles Stellantis, particulièrement touchée.
Pourtant, jamais jusqu’ici un distributeur n’avait été directement mis en examen. Cette affaire, survenue à La Réunion, constitue donc une première judiciaire en France.
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Une mise en examen pour négligence de sécurité
Le 26 mai 2020, un propriétaire de BMW est victime d’un accident sur l’île de La Réunion. L’airbag défectueux de sa voiture explose, provoquant des blessures physiques importantes. L’homme engage alors des poursuites judiciaires, non pas contre le constructeur BMW, mais contre le concessionnaire Leal Réunion, qu’il accuse de manque de diligence dans le traitement du rappel.
Selon les éléments communiqués, le concessionnaire ne se serait manifesté qu’en juillet 2020, soit après l’accident, pour informer le propriétaire du problème d’airbag et proposer un remplacement. Le juge d’instruction de Saint-Pierre a donc décidé de mettre en examen l’entreprise pour « violation manifeste et délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence ayant involontairement causé une incapacité totale de travail supérieure à trois mois ».
Une défense fondée sur les obstacles administratifs
Face aux accusations, le concessionnaire affirme avoir tout mis en œuvre pour contacter les propriétaires dès 2020. Il évoque notamment des entraves systémiques, comme l’impossibilité d’accéder au fichier SIV des immatriculations, ce qui limitait la capacité des distributeurs à identifier et prévenir les clients concernés par un rappel.
Ce manque d’accès aux données propriétaires aurait constitué un frein majeur dans la mise en œuvre des campagnes de rappel. L’entreprise défend donc sa bonne foi, arguant du manque de moyens techniques à l’époque, bien avant que les pouvoirs publics ne se mobilisent pleinement sur le sujet.
Une décision à portée nationale
Cette mise en examen soulève des questions cruciales pour tout le secteur de la distribution automobile en France. Si les constructeurs sont traditionnellement en première ligne lors des rappels, les distributeurs pourraient désormais être considérés comme co-responsables en cas de manquement à l’obligation d’information et de sécurité.
Cela pourrait entraîner une révision des procédures internes des concessionnaires, notamment sur la gestion proactive des rappels techniques, et accentuer les pressions juridiques sur les réseaux de distribution officiels.
Détails techniques de l’affaire
Élément | Détail |
---|---|
Véhicule impliqué | BMW (modèle non précisé) |
Date de l’accident | Mai 2020 |
Lieu | Saint-Pierre, île de La Réunion |
Équipement en cause | Airbag Takata défectueux |
Blessures | Incapacité totale > 3 mois |
Date de prise de contact | Juillet 2020 (après l’accident) |
Statut du concessionnaire | Mis en examen |
Chef d’accusation | Violation d’obligation de sécurité |
Une affaire qui pourrait faire jurisprudence
L’enjeu dépasse le simple cadre de ce litige. Il s’agit potentiellement d’une décision jurisprudentielle qui pourrait redéfinir la responsabilité juridique des distributeurs automobiles en France. Alors que des millions de véhicules circulent encore avec des airbags Takata non remplacés, cette affaire met en lumière la nécessité d’une vigilance renforcée, y compris chez les concessionnaires.
Le verdict à venir sera scruté de près, tant par les acteurs du secteur que par les victimes d’équipements défectueux.
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