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Un semestre noir pour Stellantis en Europe et USA

Le cinquième constructeur automobile mondial traverse une zone de turbulence sans précédent. Stellantis a enregistré une perte nette de 2,3 milliards d’euros au premier semestre 2025, selon des chiffres préliminaires dévoilés le 21 juillet. Un signal d’alarme pour un groupe en quête de stabilité, d’autant plus que la crise touche aussi bien les marchés européens qu’américains.


Ce qu’il faut retenir :

  • Perte nette estimée : 2,3 milliards d’euros au premier semestre 2025
  • Les marchés clés Europe (-6%) et États-Unis (-25%) sont en fort recul
  • Une provision exceptionnelle de 3,3 milliards d’euros fausse les résultats
  • Antonio Filosa, tout juste nommé DG, hérite d’un climat explosif
  • Facteurs aggravants : normes européennes, droits de douane US, moteurs décriés
  • L’espoir repose sur une nouvelle génération de smart cars prévue pour l’automne
  • Le retour attendu de la Fiat 500 thermique (MHEV) en tête de pont

Un “Welcome Bonus” amer pour Antonio Filosa

Nommé à la tête de Stellantis le 18 juillet, Antonio Filosa n’a pas eu le temps de savourer sa prise de fonctions. Trois jours après son arrivée, le groupe a publié des résultats financiers en chute libre. Officiellement, les pertes restent provisoires, car elles n’ont pas encore été auditées. Le chiffre définitif est attendu pour le 29 juillet, mais le choc est déjà bien réel.

Cette perte nette serait en grande partie due à une provision de 3,3 milliards d’euros, sans laquelle le résultat aurait été positif. Mais pourquoi anticiper l’annonce ? Pour préparer les marchés et les partenaires à un second semestre de rupture.


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Des causes multiples : normes, douanes, et erreurs passées

Plusieurs éléments viennent expliquer cette chute brutale, dans un contexte déjà tendu pour l’industrie automobile.

  • Aux États-Unis, les droits de douane imposés par Donald Trump coûtent déjà 300 millions d’euros à Stellantis depuis le début de l’année.
  • En Europe, le groupe dénonce les normes CAFE (Corporate Average Fuel Economy), qui impactent particulièrement les utilitaires, comme l’a récemment signalé Jean-Philippe Imparato, responsable des opérations européennes.
  • S’ajoutent les ventes en berne dans un marché globalement atone, mais où Stellantis semble encore plus touché que ses concurrents.

Une image ternie par les moteurs PureTech et BlueHDi

Autre point noir : les motorisations thermiques PureTech et BlueHDi, qui continuent de semer le doute chez les consommateurs. Même après des ajustements techniques, la méfiance persiste. Pire encore, un rappel massif a été lancé pour certains modèles récents. Résultat : les valeurs résiduelles chutent, et les clients fuient les modèles neufs de peur d’une décote rapide.

Le groupe est aussi indirectement victime du scandale des airbags Takata, bien que la marque Citroën soit injustement associée à ce dossier, alors même qu’elle avait été réactive dès 2024 avec des rappels massifs.


Un effondrement des ventes outre-Atlantique

Aux États-Unis, la situation est encore plus dramatique, avec une baisse des ventes de 25%. Outre les taxes, c’est la pauvreté de l’offre produit qui est pointée du doigt, aggravée par des choix stratégiques mal calibrés hérités de l’ère Carlos Tavares. De nombreux modèles sont en fin de cycle ou inadaptés aux attentes du marché américain.

Malgré l’ampleur du choc, la Bourse a bien réagi : les actions n’ont baissé que légèrement (–1,8 % à Paris, –0,76 % à Milan). Les analystes semblent avoir anticipé l’annonce, notamment après l’annulation d’un briefing prévu la semaine précédente.


L’espoir venu des smart cars et du repositionnement stratégique

Face à cette crise, Stellantis joue son va-tout sur le second semestre 2025, misant sur une nouvelle stratégie produit centrée sur les citadines hybrides et thermiques, un segment longtemps négligé.

Le groupe met en avant une “transition plan produit” censée se concrétiser dès l’automne 2025, avec :

  • Le retour de la Fiat 500 thermique, en version MHEV (hybride légère)
  • La montée en cadence de la nouvelle Citroën C3, de l’Opel Frontera et de la Fiat Grande Panda

Stellantis espère ainsi reconquérir une clientèle urbaine et sensible aux prix, tout en rassurant les réseaux de distribution et les employés, en particulier sur le sol européen.


Un tournant critique pour l’avenir du groupe

Après une année 2024 déjà en baisse (-48 % de résultat net), le premier semestre 2025 marque un point de rupture. Pour redresser la barre, Stellantis doit réussir à réconcilier innovation produit, attentes des marchés et conformité réglementaire.

Si le pari des smart cars et du retour aux fondamentaux est gagnant, la deuxième moitié de 2025 pourrait marquer un renouveau. Dans le cas contraire, la situation financière et industrielle du groupe pourrait se dégrader encore davantage, mettant en péril son statut de cinquième constructeur mondial.


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